14/10/2013
Afrique du Sud

Des eaux usées à l'eau potable pour une ville qui en manque

La municipalité d'eThekwini, dans la ville portuaire de Durban, souffre
de pénurie d’eau et les autorités envisagent de recycler une partie des
eaux usées de la municipalité pour le rendre conformes aux normes de
potabilité. "Nous vivons une pénurie d'eau cruciale, qui est accentuée par la demande en eau à eThekwini", explique Speedy Moodliar, directeur principal de la planification de l'eau et de l'assainissement pour la municipalité.

Cette municipalité d’eThekwini  dépend du système du fleuve Umgeni pour
l'eau. Mais la demande sur ce système, qui fournit de l'eau potable à
environ cinq millions de personnes et alimente l'industrie dans les
centres économiques de Durban et de Pietermaritzburg, une ville située à
66 kilomètres de la côte, a dépassé l'offre au cours des sept dernières
années. Pour accroître la disponibilité de la ressource, le
gouvernement sud-africain a proposé la construction d'un barrage d'une
capacité de 250 millions de mètres cubes sur le fleuve uMkhomazi, le
troisième plus grand fleuve dans le KwaZulu-Natal, et le transfert de
l'eau au système d'Umgeni. Mais ce projet ne sera opérationnel qu’en
2024 au plus tôt, a indiqué Moodliar. Entre maintenant et le moment où
le projet d'uMkhomazi deviendra effectif, la municipalité pourrait
décider de recourir au recyclage des eaux usées.

En Israël, Égypte ou Australie, les eaux usées traitées sont utilisées
pour l'industrie, l'aménagement paysager et l'agriculture ; mais peu de
pays, à travers le monde, réinjectent ces eaux dans leurs systèmes
d'approvisionnement en eau potable. C’est néanmoins le cas de Singapour
où les eaux retraitées assurent  30 % des besoins de l’industrie et des
ménages. En Namibie, les habitants de Windhoek, boivent des eaux usées
recyclées depuis plus de 40 ans. En Afrique du Sud, la municipalité de
Beaufort West, qui compte près de 50 000 habitants, a commencé à traiter
ses eaux usées à des fins domestiques en 2011 après une grave
sécheresse.

Selon le rapport "L'avenir de l'eau dans les villes africaines :
Pourquoi gaspiller l'eau ?", publié en 2012 par la Banque mondiale, peu
de villes en Afrique disposent d’usines de traitement des eaux usées en
capacité ; seulement une faible proportion des eaux usées est
recueillie, et une fraction encore plus faible est traitée.

La municipalité d'eThekwini envisage d'améliorer deux de ses usines
existantes et à ce jour peu performantes : il s’agit des installations
de KwaMashu et de Northern. Le système de traitement envisagé reposerait
sur  trois étapes : l'ultrafiltration, l'osmose inverse et la
désinfection par UV et chlore. L'eau traitée serait stockée et testée
avant d'être libérée et mélangée à de l'eau potable conventionnelle à un
rapport de 30 % d'eau recyclée pour 70 % d'eau conventionnelle, a
précisé le responsable. La ressource représenterait  13 % de la
consommation quotidienne actuelle de la municipalité, et sécuriserait
selon lui  l’approvisionnement pour une période de sept ans. Le coût de
production de cette eau s’élève à 75 cents le mètre cube contre  50
cents pour l’eau conventionnelle.

La municipalité a commencé à communiquer sur l'efficacité et la sécurité
du système proposé, mais il y a eu une vive opposition au projet ; une
pétition a recueilli 5 000 signatures en 2012. Les opposants dénoncent
les pertes et branchements illégaux qui s’élèveraient à  36 %.

Parallèlement le recours au dessalement est à étude.

Brendon Bosworth, IPS (KwaZulu-Natal) – AllAfrica 03-10-2013